La volonté, ça ne sert à rien!
Lorsque les clients viennent pour un arrêt du tabac ou pour perdre du poids, je les entends souvent dire que le problème c’est qu’ils n’ont pas “la volonté” nécessaire. Ça leur manque et ils en sont sûrs.
La volonté fait partie de ces concepts que l’on utilise toute la journée et qui devient un pilier important de notre façon de penser et de nous comporter mais dont nous questionnons rarement la définition.
On entend le plus souvent par volonté cette capacité à prendre des décisions de façon rationnelle et de les mettre en action. D’ailleurs on considère que pour faire preuve de volonté, il faut que cette décision rationnelle s’oppose à nos instincts, nos émotions, nos désirs (sans quoi ce serait trop facile et ca ne serait pas vraiment de la volonté). Ainsi par notre capacité à imposer la toute-puissance de notre raison sur le reste de notre être nous renforçons la domination de l’esprit sur le corps dans la plus pure tradition cartésienne et faisons donc fièrement preuve de volonté.
Finalement, la volonté est donc définie a posteriori de l’action : si elle correspond à la volonté de départ on a fait preuve de volonté sinon non. De ce constat a posteriori se forge une croyance a priori qui divise le monde en 2 catégories distinctes : ceux dont les actes se sont révélés conformes à leurs décisions et qui détiennent donc cette précieuse volonté et les autres qui en sont donc entièrement démunis.
Nous avons été éduqués dans cette vision du monde où ceux qui réussissent ont une volonté de fer, et où les autres sont des faibles.
Je ne vais pas continuer plus longtemps à tourner autour du pot. Je suis convaincu que tout cela est une vaste supercherie. La compréhension que nous avons des mécanismes du cerveau nous permet de battre en brèche cette conception.
En effet, on sait maintenant que 99% de nos décisions sont prises de façon émotionnelle avant même d’arriver aux parties plus rationnelles de notre cerveau. 99% du temps nous ne faisons que post-rationaliser des décisions déjà prises.
On sait aujourd’hui justement que plus une décision est importante, plus elle demande d’effort, plus elle doit être ancrer dans une émotion forte. Ce sont nos émotions qui sont le carburant de nos changements.
Ainsi personne n’a jamais eu besoin de volonté (je ne saurai même pas dire si ça existe) en revanche, pour changer, pour d’arrêter de fumer, pour perdre du poids, il est important d’avoir une émotion qui nous pousse dans ce sens. Et c’est là souvent le premier travail de l’hypnopraticien : permettre à la personne de trouver et mettre à jour les émotions qui vont venir soutenir son changement.