“Au secours, j’ai refumé une cigarette !!”
Au téléphone, une cliente qui avait arrêté de fumer il y a 4 mois, prononce ces mots avec humour, mais aussi une certaine panique.
Il m’arrive d’avoir des clients qui me rappellent 3, 6 mois, après leur arrêt et la voix tremblante, avouent avoir refumé. Plusieurs émotions se bousculent alors :
- d’abord la peur, la peur de redevenir fumeur dès la première cigarette comme si d’un seul coup tout les mois sans fumer ne comptait plus pour rien
- ensuite le défaitisme “je vous l’avais bien dit que je n’y arriverai pas”
- mais surtout la culpabilité d’avoir l’impression de faillir à son propre objectif
Dans cette situation je propose souvent les chose suivantes :
#1 prendre du recul et respirer
La peur et la culpabilité sont souvent mauvaises conseillères. Un client me l’a même dit très clairement une fois : “après la première cigarette, je m’en voulais tellement que j’en ai refumé une autre dans la foulée juste pour me punir”.
Quelque soit le nombre de cigarettes refumées, pas de panique. Oui, La cigarette est addictive ; oui, c’est une addiction qui revient plus vite que l’on ne le pense et il vaut mieux être vigilant, mais rappelons que la cigarette est une addiction physique bien plus faible que la plupart des drogues et bien plus faible que l’alcool. On ne devient pas fumeur en une cigarette (même si on l’a été de nombreuses années auparavant), l’addiction à la cigarette est principalement une addiction mentale qui se crée par la répétition et le conditionnement.
#2 Analyser la situation sans complaisance
Le risque lorsque l’on refume une cigarette, c’est de se mentir, de se juger avec trop de complaisance “c’est bon ce n’est qu’une cigarette” “je maîtrise” “c’est juste pour accompagner ce bon repas, je ne vais pas reprendre”. Pour être honnête avec soi-même voici quelques questions que l’on peut se poser :
“Combien de cigarettes ai-je refumé exactement ?”
“En combien d’occasion ai-je refumé ?”
“Ai-je envie de refumer ?”
“Qu’est-ce que cette cigarette m’a permis de faire ?”
“Qu’est-ce qui a changé depuis cette ou ces cigarettes ?”
#3 Apprendre de son échec
Pour celui qui l’a fumé, cette cigarette est souvent ressentie comme un échec. Il y a plusieurs réactions possibles face à l’échec, celle que je préconise est la posture d’apprentissage. Que puis-je apprendre de ce qui vient de se passer ?
La posture d’apprentissage nous permet de sortir de la culpabilité et du défaitisme. En effet, qu’elle que soit la situation, quand on apprend, on a le droit de se tromper (c’est souvent comme cela que l’on apprend), on a le droit de recommencer, d’ailleurs une personne qui a su trouver les ressources conscientes et inconscientes pour arrêter de fumer sait qu’elle est capable de le refaire. Il est souvent plus facile de faire une chose pour la seconde fois que pour la première. Lors d’une deuxième expérience, il est possible de profiter de l’apprentissage de la première fois pour rendre les choses plus faciles et plus naturelles. On n’oublie jamais comment faire du vélo et à chaque fois que l’on remonte dessus, on s’améliore.
#4 Changer de nouveau
C’est en changeant quelque chose qu’on est devenu non-fumeur et qu’il s’agisse simplement d’un dérapage ou bien alors que cette cigarette soit le signe de quelque chose de plus profond, il s’est passé quelque chose et on peut se demander “quel changement je souhaite maintenant mettre en place ?”. On peut ensuite faire ce changement seul ou décider de profiter de l’aide d’un hypnopraticien.
Pour ceux qui n’ont pas refumé, il est intéressant de noter la chose suivante : le dérapage est rarement le fruit du pur hasard, la plupart du temps il est précédé d’alertes, de signes avant-coureurs. Souvent au début c’est juste une idée, après plusieurs mois sans y penser ou alors avec dégoût, tout à coup on se dit “tiens pourquoi pas une cigarette ?”, on va pas plus loin mais c’est souvent la première graine du dérapage. Pour ne pas se retrouver en situation de refumer, il suffit d’être vigilant envers ces premières pensées et d’utiliser les 4 conseils donnés plus haut dès cette étape. Il m'arrive d'ailleurs d'accompagner des personnes à ce moment là "ca fait maintenant 6 mois que j'ai arrêté, tout allait bien mais depuis une semaine je sens que l'envie est là de temps en temps de nouveau."
A mon sens ce qui compte le plus dans ce type de cas, c’est d’être réactif et d’enclencher rapidement ce processus. Le risque ici est de se laisser glisser sans s’en rendre compte consciemment dans cycle du fumeur.